Akwaaba

Un "oburoni" au coeur de la CAN

Chronique du 02 février

Chronique du 05 février

Chronique du 26 février

Antoine, passionné d'histoire ghanéenne... et de foot !

02 février : AKWAABA, voilà le premier chapitre de la saga de la Coupe d’Afrique des Nations 2008 au Ghana ! Ici c’est Antoine, votre reporter obruni-maison qui vous écrit d’Accra, capitale du pays hôte de la 2008 soccer fiesta.

Pour les conditions météorologiques, l’Harmattan a pris du retard et vient tout juste de s’abattre sur la côte la semaine dernière. Mais la poussière ne saurait recouvrir le collège de couleur qui habille les rues d’Accra et plus particulièrement ses vendeurs de rue, qui savent profiter de la paralysie du trafic pour vendre t-shirts, sifflets, bracelet, calendriers, foulards et j’en passe... tout cela pour dire que les couleurs vert or et rouge sont à l’honneur et les Ghanéens sont friands du moindre gadget à deux francs six sous portant les couleurs du pays.

La compétition a débuté dans l’euphorie avec la victoire difficile du Ghana contre la Guinée. On pouvait ressentir une pression énorme ici à la veille de ce match. Tout le monde savait que la Guinée serait difficile à jouer et que le parcours des "étoiles noires" dépendrait de la performance de l’équipe lors du match d’ouverture. Mais avant de parler foot, parlons de la cérémonie d’ouverture qui fut d’une grande beauté. C’est dans une monumentale chorégraphie que les différentes cultures du pays se sont mariées sur la pelouse du tout neuf Ohene Djan Stadium à Accra. Ouverture CANDes cavaliers du nord aux nombreuses danses traditionnelles passant par les apparats les plus majestueux de la culture akan, le tableau était fort en couleur et en mouvement. Chaque Ghanéen retrouvant dans ce spectacle une partie de son héritage culturel et testant sa connaissance des autres cultures régionales de son pays. J’ai trouve cela très émouvant.

Passons au sport, le match n’a pas été facile pour le Ghana, la faute à un certain Feidouno qui n’a cessé de pousser son équipe vers les buts de Kingson. La tension a été continue durant tout le match, ponctuée de cris à chaque fois que vibrait la cage du gardien guinéen. La série de poteaux n’entamait pas la ferveur générale jusqu’a ce que le Ghana ouvre le score sur un penalty et qu’à la 64ème minute les Guinéens égalisent. La tension était alors à son comble tandis que les Guinéens semblaient désormais entrés dans le match. SupportersC’est à la 89ème minute que Manturi logea un magnifique tir de 30 mètres dans la lucarne adverse. A ce moment, c’est tout le pays qui a explosé de joie, un véritable carnaval a pris forme dans les rues de la ville, on aurait cru que le Ghana avait gagné la finale. Depuis, on sent une vraie confiance dans le pays, le Ghana ne peut pas perdre. L’objectif pour les Black Stars, c’est ajouter à son tableau de chasse deux équipes : la Côte d’Ivoire et l’Egypte. Ainsi, ils seront la première équipe du continent. Alors peut-être une demi-finale contre l’Egypte et la finale contre le Côte d’Ivoire ?

Mais qu’en est-il des autres équipes ?

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Groupe B : Côte d’Ivoire - Nigeria - Mali - Bénin

La Côte d’Ivoire semble elle aussi partie pour remporter le trophée tant les Eléphants on fait preuve de solidité lors de leurs 3 premiers matchs. Ils ont été les premiers à se faire une place en quart de finale et Drogba semble être l’homme fort de la compétition. Chose remarquable dans ce groupe B qui comprenait le Nigeria (battu 1-0), le Bénin (2-0) et le Mali (3-0).

C’est au terme de la troisième journée que le Nigeria a décroché sa place en quarts de finale en inscrivant ses deux premiers buts face au Bénin.

Ainsi, c’est avec un choc Ghana/Nigeria que s’ouvrira la phase finale de cette CAN. Ce sera ce dimanche 3 février à 17 h à Accra. Autant vous dire qu’il est difficile de trouver un Ghanéen qui redoute cette confrontation, le Nigeria n’ayant jusqu’alors pas vraiment brillé sur la pelouse de Sekondi.

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Groupe C : Egypte - Cameroun - Soudan - Zambie

Les deux poids lourds du groupe, l’Egypte et le Cameroun, se sont rencontrés le 22 janvier sur la pelouse du Kotoko de Kumasi (Baba Yara Stadium). Les Egyptiens ont donné la plus forte impression de la compétition en battant les Lions Indomptables 4 buts à 2. Ces derniers se sont vengés sur la Zambie (5-1) tandis que le Soudan mettait en difficulté l’Egypte. Faute de surprise les deux favoris devraient passer en quart au terme de la troisième journée.

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Groupe D : Afrique du sud - Sénégal - Angola - Tunisie

Les deux premiers matchs se sont soldés par des nuls, l’avantage a été pris lors du second tour avec la victoire de l’Angola sur le Sénégal (3-1) et de la Tunisie sur l’Afrique du sud (3-1). L’entraîneur du Sénégal a posé sa démission suite à la défaite face à l’Angola. L’Angola a fait une forte impression lors du match contre le Sénégal et il pourrait être la surprise de cette CAN 2008. Le 31 les deux équipes ont fait match nul, se qualifiant pour la phase finale.

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Et maintenant ?

Après 10 jours de compétition, on retiendra la puissance des Eléphants de la Côte d’Ivoire et l’assurance du Ghana. L’Angola m’a vraiment fait une forte impression lors du match contre le Sénégal, reste à voir le jeu qu’il vont développer face à la Tunisie ce jeudi.

Au fil des trois journées, on a senti dans le jeu des équipes une montée en puissance, un embellissement du jeu. La phase finale s’annonce explosive !

Autant vous dire qu’ici la victoire est acquise aux Black Stars. La force des Black Stars, c’est sans doute le rythme avec lequel ils ont entamé leur parcours. Du premier match à l’éclatante victoire 2-0 contre le Maroc, l’équipe a fait preuve d’un professionnalisme exemplaire dans son jeu.

On retrouve l’équipe qui a tenu tête à l’Argentine et qui a vaincu la République Tchèque en 2006. Le Ghana développe un jeu digne des plus grandes équipes mondiales. Il faut ici saluer Claude Leroy qui a mis en place une coordination extrêmement efficace et souple (l’absence d’Appiah ne se fait que peu sentir). Evidemment, il y a Essien qui comble le manque de réussite des attaquants et organise le jeu de façon admirable. Mais c’est sans doute le gardien Kingson qui semble porter l’assurance de toute l’équipe. Le problème reste l’attaque, si bien qu’Asamoah Gyan a souffert de vives critiques suite au match contre la Namibie. Mais quand certains le critiquent et le menacent, le reste du peuple ghanéen sait qu’il saura se montrer crucial en temps voulu. Ce fut Muntari face à la Guinée et Essien face au Maroc, pourquoi pas Gyan face à la Côte d’Ivoire?

La phase finale commence le 3 février
avec le choc Ghana/Nigeria à 17h à Accra.
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Le programme de la phase finale :

Quarts de finale :

Demi finales:

Finale le 10 à 17h à Accra.

La finale se jouera le 10. Je vais essayer de vous faire vivre cette semaine du mieux que je peux. Pour des raison technico-pratiques, je ne peux vous faire parvenir des photos mais patience....

Un grand bonjour à Sankofa et à tous les Ghanéens de France.

YEBEHYIA BIOM !


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05 février : Bonjour à tous, les photos sont arrivées !

Voilà un petit résumé de ma virée aux alentours du Ohene-Djan Stadium à Accra. Ce jour-là, deux matchs étaient à l’affiche : Guinée - Maroc à 17h puis Ghana - Namibie à 19h. Donc je quitte les archives, situées sur Castle Road  en face de la cathédrale, sur les coups de 15h. En fait, j’ignore plus ou moins le chemin à prendre pour me rendre au stade, mais je décide de suivre mon instinct alors je vais vers le sud est. Je vise les buildings qui émergent de l’entrée du quartier d’Osu. Osu est  le quartier central d’Accra où l’on trouve à la fois les ministères, l’Independance Square, l’Ohene-Djan Sadium et la fameuse Oxford Street où je devrais pouvoir trouver une boulangerie m’a-t-on dit. Que viser ? J’opte pour cet énorme bâtiment qui s’avère être le bâtiment de la Banque du Ghana. Alors je longe Liberia Road jusqu’à l’Independance Avenue. Si je prends cet axe sur la droite, je pars vers le nord-ouest en direction de ce qui devient Liberation Road, la route de l’ambassade française, de l’Alliance Française et du Kotoka Airport. Non cet itinéraire, je le réserve pour plus tard. Aujourd’hui c’est le Ghana qui joue sa place en quart de finale.

Je continue donc ma route vers Osu. Je longe un énorme édifice, le National Theater, tandis que les vendeurs aux couleurs vert or rouge commencent à abonder sur la Liberia Road. Je chauffe ! Au bout de quelques mètres, me voilà sur la Kimbu Road, je suis dans Osu donc, en bon obroni, je retrouve mon chemin facilement, direction est, et me voilà au stade. Première impression : plutôt décevant. Disons que l’on trouve plus de vendeuses et vendeurs que de supporters sur place. En même temps, le spectacle, il est dans le stade.

Je me décide à faire un petit tour du stade histoire de prendre la température. L’effervescence est palpable, mais les supporters se font rares. En bon francophone, j’ai cherché des Marocains, en vain. Les stands de nourriture et les vendeurs de babioles diverses alternent avec les stands qui crachent les derniers tubes, ou plutôt LE tube : la combinaison Ofori Amponsah - Batman sur "Odwo", qui inonde les ondes du pays depuis deux mois. Pour les curieux, le clip est visionable ici :

http://youtube.com/watch?v=YQPoda3zvKY

Après ce bref aperçu, je me dirige vers l’Independance Square tout proche. En route, j’y rencontre un car entier de supporters du Ghana, tous obroni ! Etrange, non ? En passant, je croise le Black Star Priest accompagné de son aide. Sur  l’Independance Square je fais connaissance avec le Essien Fan Club qui se prête volontiers à une séquence photo. L’Independance Square est la place la plus large d’Accra, c’est un lieu dédié aux célébrations nationales. C’est sur cette vaste place que le 6 mars 1957, Kwame Nkrumah a déclaré l’indépendance du Ghana. On y trouve une tribune gigantesque et des gradins situés de part et d’autre de la place. Face à cette place, on trouve l’arche de l’indépendance marquée de l’année 1957 et ornée de l’étoile noire.

Je me décide à retourner vers le stade, déçu de n’avoir vu que des vendeurs arborer les couleurs du Ghana. Revenant sur la Kimbu Road, j’aperçois une énorme compagnie en marche : la Nationwide Suppporter of Ghana. Ils sont nombreux, plus de 300, et ils marchent en rangs serrés et en musique derrière leur banderole (si vous regardez les matchs vous n’avez pu la rater). On y trouve  essentiellement des jeunes et pour le coup, la parité semble totalement assurée. Le groupe de tête est habillé en rouge alors que suit le reste de la troupe en jaune, accompagnée d’un orchestre. On danse et on chante, les personnes présentes sont en extase.

Une fois la compagnie ghanéenne passée, c’est au tour de la délégation guinéenne de défiler. Ils ne sont pas plus qu’un quart mais déterminés à soutenir leur équipe face au Maroc. Il est à présent 16h30 et les matchs vont bientôt commencer. SupportersGhana-NamibieJe rentre donc vers Circle, toujours à pied (et oui, il faut bien éliminer le banku de la veille!). Ce soir là, le Ghana a gagné grâce au but de la mascotte de l’attaque ghanéenne, Agogo Jr. La Guinée s’est bravement défaite du Maroc par 3 buts à 2. La performance des Black Stars n’a pas comblé les attentes de la population et on n’a pas eu droit à la liesse qui s’est emparée du pays suite à la victoire face à la Guinée.

Le match Ghana - Nigeria

Le lundi 28, le Ghana battait le Maroc, et s’assurait la première place de son groupe. Le lendemain, on savait qui serait l’adversaire des Blacks Stars : les Super Eagles du Nigeria. Le Nigeria n’a pas brillé dans ses matchs de poule, mais a eu le bénéfice de résister à l’attaque des éléphants de la Côte d’Ivoire pour passer devant le Mali et accéder aux quarts de finale. Autant dire que les Ghanéens se voyaient déjà en demi-finale.

La semaine a consisté à s’armer de différents accessoires aux couleurs du pays et trouver des billets pour assister « au match » du tournoi. Les places devaient être mises en vente en fin de semaine dans certaines banques et les bureaux de postes. Les prix étaient de 4 et 15 cedis (3 et 11 euros). Que s’est-il passé ? Le jour de la mise en vente, à l’ouverture des lieux de vente, on apprit que le match était « sold out ». Les billets étaient déjà tous en vente au marché noir… Les prix : entre 30 et 40 cedis, et entre 60 et 75 cedis. Alors tout le monde s’est résigné à regarder le match en famille. Supporters et télé dans la ruePuis dimanche est venu. Le matin, quand les uns priaient pour la victoire du Ghana et les plus jeunes jouaient au foot, les autres se hâtaient de finir leurs travaux pour pouvoir regarder le match à 17h. Au cours de la semaine, l’assurance avait laissé place à une certaine anxiété. Le Nigeria et le Ghana, c’est comme la France et l’Italie, même si l’une des deux équipes est favorite, l’issue du match est toujours incertaine. 

Alors l’Ohene-Djan Stadium est full, rempli à craquer, avec un fort cortège de Nigérians. Le président Kuffuor a annulé son nouveau voyage pour faire présence, Jerry Rawlings a boudé une fois de plus la tribune VIP. Quel plaisir d’apercevoir Marcel Desailly...  Et que dire de ce supporter jujuman, qui a tenu a égorger ses deux volailles dans les tribunes (pourquoi deux ?) ?! Sur ce point, les Ghanéens laissent la part belle aux Nigérians, vus comme des ateurs de juju (magie-occultisme) : pour les Ghanéens c’est Dieu qui veille sur l’équipe nationale, donc on laisse la magie aux Nigérians !

Du côté du Nigeria, on remarque l’absence de Kanu et Martins. Claude Leroy avait quand à lui décidé de ne pas sélectionner  Laryea Kingston (dreadlocks man).

Dès le début du match, on sent une pression énorme de la part des Nigérians, on devine leur stratégie : casser le moral des Black Stars. Alors l’engagement physique est extrême, et les plus mauvais coups au menu des Aigles. En moins de 10 minutes, ce sont trois cartons jaunes qui sont distribués. Le Nigeria joue le contre en s’appuyant sur le seul aigle qui ait brillé ce soir-là : Peter Odenwingie. Mais les Ghanéens prennent le match en main (66% de possession de balle), et assiègent les cages d’Ejide. Cependant, il manque toujours de l’efficacité en attaque, symbolisée par un Asamoah Gyan qui, présent sur de nombreux ballons, se révèle incapable de transformer la moindre occasion.

Alors que le Ghana est sur la bonne voie pour ouvrir le score, l’attaque nigériane parvient à créer la confusion, autant dans la défense ghanéenne que chez l’arbitre. Ce dernier siffle un penalty pour on ne sait quel plongeon (il y en eu deux) dans la surface de réparation ghanéenne. Le Nigeria ouvre le score à la 34ème minute avec un penalty fort bien placé par Ayigbeni (Kingson était parti du bon côté). A ce moment, le Ghana entier est à la fois déçu et effrayé. Le Nigeria, la bête noire.... La Côte d’Ivoire n’a pas pu leur marquer un but... Comment faire ? Je reste confiant mais impatient ; cette situation ne peut durer ; l’ambiance qui se diffuse alors dans la pièce, je ne l’ai jamais ressentie auparavant au Ghana. Les Blacks Stars mettent 5 bonnes minutes à se reprendre, puis repassent à l’attaque. La mi-temps arrive et les plus sensibles commencent à pleurer... Mais les larmes n’ont pas eu le temps de sécher qu’à nouveau Essien s’en est allé sauver le Ghana. Comme contre le Maroc, sorti de nulle part, il va placer le ballon au fond des buts adverses ! Sur l’action, il est le seul en mouvement, le gardien Nigérian ne peut que faire un signe marquant sa déception : « on avait dit qu’il fallait ne pas le laisser seul une seconde ! ». Ghana-NigeriaLe Ghana exulte, on s’embrasse tous, on chante, on danse et l’arbitre siffle la fin de la première période. Alors que font les Ghanéens ? Ils sortent, ils dansent et ils chantent pendant un bon quart d’heure ! Les Nigérians ne peuvent rien faire, il leur reste 45 minutes pour prendre les deux buts qu’ils méritent, voilà ce qui se dit alors. Ce fut parler bien vite…

Car au retour des vestiaires, ce sont les Super Eagles qui se montrent les plus menaçants. Du côté du Ghana, Asamoah Gyan se permet de rater des occasions en or et laisse planer une fois de plus le doute sur l’efficacité de l’attaque. A la 59ème minute, c’est le drame : Odemwinyge réussit à trouver une faille dans la défense ghanéenne. Le pilier Mensah vient lui couper la route, mal lui en prend : l’attaquant s’écroule au contact de l’épaule du capitaine des Black Stars. Cette fois-ci, M. Benouza plonge la main dans sa poche à la recherche d’un carton rouge, alors que le Nigérian n’a pas fini ses roulades. Comment peut-on priver le Ghana de son capitaine de façon si hâtive ?

Si le penalty a pu résulter d’une erreur d’arbitrage, ce carton est un véritable acte de terrorisme. Cette fois-là, je peux vous dire que les Ghanéens ne se sont pas défaits. Chacun est resté confiant, et voir Michael Essien enfiler le brassard de capitaine en a fait vibrer plus d’un. Suite à cela, les Ghanéens souffrent quelque peu mais reprennent le match en main, et c’est encore Asamoah Gyan qui déçoit au point de demander son remplacement. Il intervient à la 61ème minute avec l’entrée de Kingston. A partir de ce moment, les Ghanéens reviennent dans le match et c’est Jr Agogo qui, seul en attaque, ne parvient pas à trouver le chemin des filets. A la 78ème minute, Claude Leroy fait entrer Haminu Dramani sur le terrain. 4 minutes plus tard, ce dernier parvient à se faire un chemin au travers de la défense nigériane puis, de la gauche, place un centre devant les buts. Et qui est là ? AGOGO !!! Ce dernier n’a plus qu’à pousser la balle dans les filets. Depuis, tout le monde n’a qu’un nom au bout des lèvres : Agogo!

Les dix dernières minutes qui suivirent le but d’Agogo, furent agréables, tout le monde chantant et dansant. Sur le terrain, Kingston jonglait avec la balle au milieu de la défense nigériane. Quand l’arbitre siffla la fin du match, ce fut la délivrance : on peut sortir faire la fête ! Ce soir-là, tout le pays a chanté, dansé et prié. Ce lundi, l’atmosphère était détendue, les journaux titrent : ''Ago-Goal !!'' Ils insistent sur la domination de 10 Ghanéens sur les Super Eagles. Les résumés du match sont tellement succincts. Sans doute les journalistes ont dû faire la fête dimanche soir…

On parle peu de la performance de la Côte d’Ivoire qui a infligé une cuisante défaite à la Guinée (privée de Feindouno) 5-0. La Côte d’Ivoire semble être l’équipe forte de cette CAN 2008. Au moment où je vous écris, le Cameroun vient de se défaire difficilement de la Tunisie par 3 - 2. Le troisième but a été inscrit durant les prolongations. Juste avant, c’est l’Egypte qui a difficilement éliminé l’Angola par 2 buts à 1. Le tir de Manucho fut sans doute le plus beau but inscrit dans ce tournoi.

Le programme des demi-finales, le 7 février 2008 :

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26 février : Bonjour à tous et akwaaba!

La semaine qui s'achève n'a pas été de tout repos. J'ai été victime d'une petite montée de fièvre qui ne m'a pas laissé la force d'écrire quoi que ce soit. Ainsi pour m'excuser, cette fois je me suis permis d'accompagner la fin de mon récit de la CAN par la traduction d'un article sur les débuts de l'histoire du football ghanéen. Cela devrait intéresser les plus curieux.

Ainsi, c'est l'Egypte qui, pour la sixième fois, a remporté la Coupe d'Afrique des Nations en battant le Cameroun par 1-0 à Accra le 10 février 2008. L'Egypte a gagné !Le Ghana a dû se contenter de la troisième place en battant les Eléphants de la Côte d'Ivoire 4-2. Ce qui sembla être la vraie finale de ce tournoi se joua le samedi 9 février dans la capitale de la région Ashanti, Kumasi. Seconde ville du pays après la capitale Accra, Kumasi est le centre économique et culturel du Ghana. La ville possède un des deux plus prestigieux clubs de football, l'Asante Kotoko. Mais Kumasi est avant tout la capitale du royaume ashanti et le principal centre de la culture akan. La plupart des manifestations traditionnelles que vous avez pu admirer lors des cérémonies d'ouverture et de clôture de la CAN sont originaires de cette région. La ville possède le second stade du pays, 40 000 places et un public amateur de football. Les Black Stars, qui n'avaient joué que sur la pelouse de l'Ohene Djan Stadium découvraient un autre public, celui des fans de foot de Kumasi qui s'étaient résignés à aller voir ce match de petite finale aux dépens de la finale qui se jouait le lendemain dans la capitale.

Les adversaires de l'équipe nationale du Ghana, les Eléphants de la Côte d'Ivoire, venaient d'essuyer une humiliante défaite face à l'Egypte. ce jeudi, les Pharaons avaient balayé les Eléphants par 4 buts à 1. Ce match suivant la défaite du Ghana, je ne l'ai que peu suivi (jusqu'au second but égyptien) Je pense que, comme beaucoup, j'étais en surdose de déception footbalistique.

SupportersMais attardons-nous sur ces deux équipes, car c'est sans doute cette demi-finale qui livra les clefs du tournoi. Cet avis n'est pas eulement le mien mais celui de la majorité des Ghanéens, Libériens et Ivoiriens avec qui j'ai pu échanger sur le sujet.

Ce qui est étonnant avec cette équipe d'Egypte, c'est sa capacité à neutraliser le jeu de l'équipe adverse. Je me suis dit cela surtout à l'occasion des deux matches contre le Cameroun. Car en voyant le jeu des Egyptiens, on est en droit de s'interroger sur la prestation que cette équipe ferait face à une quelconque équipe européenne de haut niveau. Les Egyptiens semblent à chaque fois se poser en outsiders et jouer le contre : stratégie dangereuse face à un collectif solide. Mais face à des équipes telles que la Côte d'Ivoire ou le Cameroun, qui s'appuient presque exclusivement sur des individualités, ce schéma s'avère redoutablement efficace. Cela dit, il faut reconnaître la valeur des joueurs égyptiens qui se sont montrés brillants durant tout le tournoi et en particulier durant la finale. En temoigne la qualité des tirs qui ont assailli les cages de l'héroïque gardien camerounais.

Revenons sur le parcours de la Côte d'Ivoire. Les Eléphants se sont placés premiers dans le groupe B dit 'de la mort'. L'appellation s'est révélée abusive tant le Nigeria s'est révélé décevant. Que dire du Mali et du Bénin qui, à eux deux, n'ont inscrit que deux buts. Au final, la Côte d'Ivoire avait inscrit le double de buts (huit) de ses 3 compétiteurs réunis. En demi-finale, les Eléphants rencontrèrent les Guinéens privés de leur capitaine Feindouno. Et une fois de plus, les Ivoiriens ravirent le public de Sekondi en inscrivant pas moins de 5 buts ! Ils commencèrent alors à rêver de la finale tandis que les Egyptiens étaient malmenés par la nation la plus prometteuse du football africain : l'Angola.

Ce qui arriva ce jeudi 7 à Kumasi devrait rester dans les annales du football africain. Ce qu'il s est passé, c'est l'anéantissement de toute la puissance du football dit africain. Fan of the Black StarsLes Drogba, Touré et Kalou et Keita se sont révélés impuissants face au verrouillage du jeu exercé par les Egyptiens. La palme du championnat est à remettre au sélectionneur égyptien Hassan Shehata pour avoir su mettre en place le collectif le plus solide du tournoi. A voir le talent et les performances des joueurs africains en Europe, beaucoup pensent que l'Afrique va se faire une place dans le football mondial. Seulement les équipes nationales ne rencontrent pas de succès. Pourquoi? Un élément de réponse: il ne suffit pas de posséder d'excellents joueurs, il faut une stratégie de jeu. Un schéma d'attaque, de défense capable de s'adapter face à chaque équipe, le collectif doit être au service de ce schéma et non le contraire. Voyez les Italiens ou les Allemands, ils ont chacun su développer un football facilement identifiable. Si l'Afrique est capable de posséder les meilleurs joueurs du monde, elle ne semble pas capable de posséder des équipes nationales aussi structurées que celles d'Europe et d'Amérique. Ce point de vue concerne la grande majorité des équipes de cette CAN, en particulier la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Nigéria, le Sénégal et tant d'autres... Les exceptions ? Oui il y en a.

Les stars de ce tournoi, ce sont évidemment les Ghanéens. Je ne dis pas cela pour flatter qui que ce soit mais les Black Stars ont brillé durant ce tournoi, comme lors de la campagne de 2006 en Allemagne. Essien l'Egyptien et son équipeTous mes commentaires, que doivent partager nombre de spécialistes du football, sur le football africain ne sauraient s'appliquer au Ghana. La première fois que j'ai vu les Black Stars jouer, c'était en 2006 contre l'Argentine. Depuis je ne taris plus d'éloges pour Essien et ses compatriotes. La façon dont ils tinrent tête aux Argentins, favoris du tournoi, m'a fortement marqué; le football africain avait atteint une vraie maturité me suis-je dit. Cette CAN m'a remis les idées en place. Hormis le Ghana, je ne vois que l'Angola pour développer un football original et de qualité.

Lors de cette CAN, le capitaine Stephen Appiah était blessé. Ne connaissant pas l'importance d'Appiah dans le jeu des Blacks Stars, je ne saurais évaluer la perte entraînée par cette absence. Néanmoins, ce que tout le monde a vu, c'est l'efficacité du jeu ghanéen, notamment la maîtrise du milieu de terrain. Le problème de l'équipe, ce sont ses attaquants. Et pourtant, quelle popularité pour Junior Agogo !!! Il est de loin le favori des Ghanéennes. C'est incroyable comme on ne voit plus que lui partout !! Pour ceux qui l'ignorent, ce brillant attaquant est le neveu de l'ex-Président du Ghana JJ Rawlings. Alors il n'est pas étonnant de voir depuis une semaine des posters montrant l'oncle et le neveu bras dessus-dessous. Bref, je trouve cela assez étonnant car, de mon point de vue, Agogo n'a pas brillé durant cette CAN. Il a eu la chance d'être épaulé par Asamoah Gyan, le joueur le plus critiqué de l'équipe, qui n'a su marquer un seul but... Mais on peut gagner un tournoi sans attaque... Qui se rappelle de l'attaquant aligné à chaque match par Aimé Jacquet en 98? Dépourvu d'attaque et de son capitaine, le Ghana s'est quand même montré, avec l'Egypte, l'équipe la plus solide du tournoi. La preuve? Il suffit de voir la fin de match face au Nigéria ou encore le match contre la Côte d'Ivoire. 

la demi-finale perdue contre le Cameroun ? Ce jeudi, sur la route du travail, c'est-à-dire à la descente du trotro à Circle, j'achète au minimum deux journaux, profitant du prix attractif des journaux mais aussi du faible nombre de pages de chaque journal (à l'exception du Daily Graphic, la moyenne est de 8 pages). Cameroun-GhanaQue disait la presse ce matin-là? Que les Lions Indomptables n'avaient qu'à bien se tenir, que sur le papier, le Ghana était favori. J'ai par la suite appris que l'entraîneur du Cameroun avait dans le passé fait un bout de chemin avec les Black Stars. Ce dernier avait laissé échapper quelques petites phrases qui n'avaient pas plu aux Ghanéens. Donc une ambiance plutôt guerrière s'était emparée d'Accra. Et on discutait peu de l'absence de Mensah. Je peux vous dire que dès les 10 premières minutes du match, l'ambiance est vite retombée. L'absence de Mensah se faisait terriblement ressentir. Essien avait pris la place de libero et si par sa présence il a su couvrir le danger Eto'o, il délaissa le milieu de terrain. Otto Pfister, qui avait gardé Epale en réserve, vit la brèche et fit entrer ce solide ailier au grand dam des Ghanéens. Défaite face au CamerounA la mi-temps, l'issue restait indécise mais ici les gens commençaient à redouter le pire. Il ne se fit pas attendre et une erreur de marquage de la défense produisit une occasion en or aux Camerounais qui surent placer le ballon au fond des filets. Privé de son milieu de terrain et d'une attaque efficace, le Ghana dut concéder la victoire aux Camerounais. Le lendemain, c'est Claude Leroy qui subit les pires attaques, mais l'ensemble du monde du football fit bloc derrière lui, en particulier les joueurs. La défaite des Eléphants permit de rassurer un peu les Ghanéens, quelque chose avait bugué, et la confrontation avec les Ivoiriens aurait finalement lieu, mais pas à Accra... Revenons à Kumasi.

Ce samedi à 17h, tout le monde était devant son écran pour suivre le match. Enfin les deux équipes se rencontraient et dès le début du match on put admirer la qualité de jeu développée par les deux équipes. A la dixième minute, Sulley Muntari plaça un magnifique coup franc dans la lucarne ivoirienne. Sublime ! Les Ghanéens ont alors un peu relaché la pression. Les Eléphants n'en demandaient pas moins et c'est Sanogo qui corrigea les Ghanéens à deux reprises. Le problème était la grande liberté dont bénéficiait Keita au milieu de terrain. Au retour des vestiaires les choses changèrent radicalement. Les Ghanéens reprirent le contrôle du jeu, Keita et Drogba se révélant aussi impuissants que face à l'Egypte. Il semblerait que Leroy ait dit à Annan de jouer plus en avant afin de bloquer Keita. La maîtrise du jeu par les Ghanéens permit à Quincy Owusu Abeyie, Agogo et Haminu Dramani d'abattre les Eléphants pour de bon. CAN gadgetsQuincy a été durant tout le tournoi un des joueurs les plus dangereux sans pour autant marquer. Je suis content que ce soit lui qui ait inscrit ce but égalisateur. Au coup de sifflet final, le Ghana avait 4 buts à son actif contre 2 pour la Côte d'Ivoire. La cérémonie de remise des médailles fut émouvante. D'un côté, la joie du Baba Yara Stadium et de Laryea Kingston qui entraînait ses coéquipiers dans une danse ga et de l'autre les larmes de John Mensah, qui se sentait responsable de la défaite contre le Cameroun. Autour de moi, l'ambiance était la même, partagée entre la joie d'une belle victoire et la déception de ne pouvoir soulever le trophée.

Que s'est-il dit par la suite? Beaucoup pensent que les Ivoiriens ont laissé gagner le Ghana. Mais certains Ghanéens m'ont prévenu : ici les gens aiment parler, alors évidemment il fallait le dire ! Mais au vu de la performance de la Côte d'Ivoire face à l'Egypte, j'ai du mal à croire que les Eléphants aient été en mesure de battre les Black Stars. Cependant, l'arbitre a été favorable au Ghana à plusieurs reprises. A mon avis ce sont au minimum deux penalties qui auraient dû être sifflés contre le Ghana. Mais l'arbitre s'est rappelé que c'est une erreur d'arbitrage qui a privé le Ghana d'une place en finale (je rappelle : le carton rouge de Mensah), donc il s'est montré généreux.

Je n'ai pas parlé de la finale. Autant vous dire qu'ici, elle n'a pas été suivie avec grand intérêt. Il paraît que les prix des billets (au marché noir) ont même degringolé. Le match en lui-même ne fut pas captivant. L'Egypte se montra plus dangereuse que le Cameroun, qui dut sa survie à son gardien. Eto'o ne toucha que peu la balle, et à la fin de la première période, le score restait nul. Une fois de plus, il semble que la rentrée de Mohamed Zidan sur le terrain changea la donne. Peu de temps après, une passe en retrait vers la défense camerounaise, Rigobert Song bafouille un peu et le jeune Zidan profite de l'occasion et joue la balle. Que fait le vieux lion ? Il lutte, sûr de lui, jusqu'à ce que la balle lui échappe, Zidan centre pour Aboutrika qui cette fois bat le pauvre gardien camerounais. Quelle déception pour le Cameroun qui ne put égaliser ! Rigobert Song peut s'en vouloir, il n'empêche que durant 90 minutes, c'est l'Egypte qui domina le jeu.

Lors de la cérémonie de remise du trophée, on retrouva le même trio Sepp Blater, Issa Hayatou et John Agyekum Kufuor qui avait présidé à l'ouverture du tournoi. Les 'talking drums' refirent leur apparition ainsi que la petite princesse sur son palanquin, portant la coupe. Petite fille portant la CoupeC'est Kufuor qui la remit au capitaine égyptien. L'exultation collective fut de courte durée. Une fois la photo de groupe prise, on vit les Egyptiens se battre pour se faire prendre en photo avec la coupe. Au-dehors du stade, le micro trottoir prit le relais. Ce qui en sortait, c'est la satisfaction. Pour deux raisons : les meilleurs avaient gagné et le Cameroun avait payé pour avoir éliminé le Ghana. Il n'empêche, voir l'Egypte remporter successivement la coupe laisse aux Ghanéens une certaine déception.

Le Bilan

Cette CAN 2008 a été un succès, la meilleure CAN de l'histoire selon de nombreux spécialistes. Différents records ont été battus lors du tournoi :

Pour les point positifs, on retiendra la qualité du jeu, des buts, la beauté de la cérémonie d'ouverture et l'hospitalité des Ghanéens.

Du côté des problèmes, le principal bémol de la compétition fut l'impossibilité de se procurer des tickets en dehors du marché noir. Supporters à TamaleMalgré les critiques de la presse, il semble que les responsables de l'organisation du tournoi ne rendront pas de comptes, ce qui ne fait pas honneur au pays. Le pire étant que certains billets ne furent pas écoulés du tout. A chaque match on a pu voir des places libres dans les stades (même lorsque le Ghana jouait !). Autre remarque : l'engagement physique lors de ce tournoi m'a paru dur, et le recours à l'obstruction beaucoup trop fréquent. Cela a conduit à des erreurs d'arbitrage fort regrettables. La faute à l'ensemble des joueurs.

La principale déception reste bien sûr la défaite du Ghana qui méritait cette victoire. Néanmoins il semblerait que cette CAN ait attiré encore un peu plus l'attention du monde entier sur ce pays d'Afrique de l'Ouest qui semble bien posséder une authentique culture du football. Pour la séance de rattrapage, le Ghana a rendez-vous en 2010 en Angola pour la prochaine CAN, et en Afrique du Sud pour la première coupe du monde organisée sur le continent africain. Yebehyia !

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